vendredi 15 février 2008

Société Générale : le courtier de Fimat a déposé plainte


L'avocat de Moussa B., témoin assisté dans l'affaire de la fraude de Jérôme Kerviel, a introduit une action pour faux et usage de faux, violation du secret professionnel, dénonciation calomnieuse et diffamation. Il estime que les extraits des échanges échangés par les deux hommes, rendus publics, présentent une "altération frauduleuse de la vérité".
Le courtier qui était en relation avec Jérôme Kerviel et entendu comme témoin assisté dans l'affaire des falsifications reprochées au trader de la Société générale, a déposé plainte vendredi pour "faux et usage de faux", "violation du secret professionnel", "dénonciation calomnieuse", "diffamation" et "violation de l'interdiction de publication d'acte de procédure", selon une source judiciaire. Selon l'avocat du courtier, Me Jean-David Scemama, les extraits de messages électroniques instantanés publiés par le "Nouvel Observateur" samedi sur son site internet, présentent une "altération frauduleuse de la vérité" pour "laisser accroire qu'on a été dans une logique de complicité". "Je suis scandalisé par les méthodes utilisées", a-t-il déclaré à l'AFP, expliquant que des modifications avaient été effectuées pour "orienter" l'interprétation des relations entre le courtier et le trader.
La publication de ces "chats" est intervenue au moment où le courtier de la Fimat, une filiale de la Société Générale, était présenté aux juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset, qui l'ont placé sous le statut de témoin assisté. Ce statut, à mi-chemin entre le statut de témoin et celui de mis en examen, signifie que les magistrats ne disposent pas d'éléments suffisants étayant la piste d'une complicité entre le courtier et le trader.
"Il y a une nuance entre reprendre des extraits et restituer leur exactitude et modifier leur teneur en enlevant des mots ou des signes", a affirmé l'avocat. Selon lui, des mots et des signes utilisés dans ces messages pour faire comprendre que l'on fait de l'humour (comme les "smileys" et signe "lol") ont été retirés des extraits parus dans la presse alors qu'ils figurent sur les originaux versés au dossier d'instruction, qui représentent environ 1.600 pages.
L'avocat dénonce également un "découpage des dialogues" avec des phrases tronquées, d'autres "volontairement attribuées au courtier" alors qu'elles ont été écrites par M. Kerviel. "Ce découpage n'est pas neutre", a-t-il dénoncé.
Les "horaires" d'envoi de ces messages ont également été modifiés dans les extraits parus dans la presse, a ajouté Jean-David Scemama, qui n'a pas voulu fournir de précision sur ce point en raison du secret de l'instruction.
Selon des sources proches du dossier, Jérôme Kerviel, soupçonné de falsifications qui ont coûté 4,82 milliards d'euros à la Société Générale, a passé une partie de ses ordres d'achats et de ventes via la société de courtage Fimat (aujourd'hui Newedge). La révélation de la garde à vue du courtier était intervenue le 8 février, quelques heures avant l'examen de l'appel concernant le maintien sous contrôle judiciaire de Jérôme Kerviel. Ce dernier a finalement été placé le jour-même en détention provisoire à la prison de la Santé.
Selon une source judiciaire, même si le courtier avait eu connaissance des agissements de Jérôme Kerviel, cela n'est pas pour autant répréhensible sur le plan pénal. "Pour qu'il y ait complicité, il faut un acte positif. On n'est pas complice par inaction. S'il a su, fermé les yeux mais n'a pas participé, c'est un problème déontologique, éthique, plus que pénal", selon cette source.

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