samedi 12 janvier 2008

La Banque Centrale laisse ses taux inchangés

La banque centrale européenne (BCE) a maintenu à 4 % son taux directeur, jeudi 10 janvier, comme prévu. Son président, Jean-Claude Trichet, a fait savoir que le conseil de la Banque avait soigneusement pesé "les pour et les contre d'une hausse des taux directeurs". A aucun moment, il n'a évoqué leur baisse. Cette posture est le résultat de l'impossibilité où se trouve la BCE de modifier sa politique monétaire. Le ralentissement de la croissance et le recul de la confiance aussi bien des entrepreneurs que des consommateurs lui interdisent de relever ses taux.



De la même façon, l'accélération de l'inflation, qui a atteint 3,1 % sur un an dans la zone euro, en décembre 2007 -au plus haut depuis six ans et demi -, l'empêche de baisser le prix de l'argent, comme le souhaiteraient nombre de gouvernements européens inquiets de la langueur de leurs économies. M. Trichet n'avait donc à sa disposition que le verbe et il a choisi de hausser le ton. Il redoute l'effet "de second tour", c'est-à-dire, que l'inflation née de la hausse des prix de l'énergie et des produits agricoles se traduisent par des augmentations salariales.

"ELLE ABOIE MAIS NE MORD PAS"

Les 8 % de plus réclamés en Allemagne par les syndicats de la fonction publique et par le syndicat de la métallurgie IG Metall l'inquiètent et il a déclaré que la BCE "ne tolérera pas une spirale inflation-salaires" demandant aux participants aux négociations salariales "de se comporter convenablement", car "tout schéma d'indexation des salaires sur les prix doit être éliminé". Il a dit la BCE "prête" à agir "de façon préventive".

Celle-ci "aboie, mais ne mord pas", selon la formule de Michael Schubert, économiste à la Commerzbank, cité par l'AFP. Car la majorité des analystes ne partagent pas l'optimisme de M. Trichet en matière de croissance.

Lui pense que la décrue du chômage tombé à 7 % en fin d'année 2007 est l'un des signes qui prouvent que l'état de l'économie européenne est "sain". La baisse des indicateurs de confiance ne l'émeut pas car, selon lui, ces derniers reflètent encore une croissance.

Les analystes pensent que la BCE ne pourra pas ignorer le marasme actuel. "Elle doit agir, sans attendre que tout le monde se rende compte que l'Europe ralentit", a déclaré Henier Flassbeck, directeur à la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), qui plaide pour une baisse de ses taux, faute de quoi le dollar pourrait se déprécier de 20 % supplémentaires.

La divergence des politiques suivies par la BCE et par la Réserve fédérale américaine (Fed), qui prévoit une baisse de ses taux, a fait monter l'euro de 1,46 à 1,48 dollar, le 11 janvier.

Mais la Banque est plus soucieuse de conjoncture qu'elle ne veut le reconnaître. M. Trichet a annoncé qu'en janvier, elle founirait des liquidités supplémentaires comme en décembre 2007. Ce coup de pouce prendra la forme de deux opérations de 10 milliards de dollars (6,7 milliards d'euros) chacune en coopération avec la Fed. La première sera lancée le 17 janvier à taux fixe et pour 28 jours afin de fournir aux banques de la zone euro les dollars dont elles ont besoin, notamment pour leurs activités aux Etats-Unis.
alain Faujas

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